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Mardi 8 mai

Depuis quelques jours je réalise combien il va m'être difficile de partir. Je suis allé me promener dans la matinée sans but, juste pour voir encore une fois le quartier de Yûkari ga Oka. Je suis allé jusqu'à la boutique "book-off" qui propose des livres, des DVD, etc, à bas prix. Certains sont à 100 yens (1 Euro). Je regarde sans rien acheter puis je finis par rentrer dans mon "chez-moi-du-Japon" en pensant à mon séjour.

Aujourd'hui je prendrai mon dernier déjeuner, ce soir mon dernier dîner. Cette nuit sera ma dernière nuit. Demain, je prendrai mon dernier petit déjeuner...au Japon. Je n'ai pas envie d'être triste mais, pour tout dire "j'ai les boules".

Avant de partir pour le Japon, je m'étais demandé si ce troisième séjour serait aussi bien que les autres, si ce n'était pas le séjour de trop, celui qui montre la vraie nature des choses et non pas les apparences des premières fois. Mais non, je peux dire que ce séjour n'a fait que confirmer mon attirance pour ce pays et ses habitants. D'aucuns diront qu'il y a d'autres horizons à découvrir. Oui, sans doute...et pourtant.

...

Mon amie Yayoï m'a dit qu'à la télévision on avait montré la tour "Sky Tree" à Oshiage (on prononce o-shi-a-gué). Des scolaires avaient été invités pour la visiter, en avant première (l'inauguration a eu lieu le 22 mai) puis, dans la soirée, cette tour immense (634 m) avait été éclairée de lumières pourpres.

On décide qu'on ira la voir ce soir...

...

On part en début de soirée, le crépuscule est déjà là. 
En arrivant à la station d'Oshiage c'est la déception. La tour n'est pas éclairée. L'agent de police qui est là, nous dit que la dernière fois c'était une avant-première exceptionnelle. Il faudra attendre l'inauguration du 22 mai !

Je fais quelques photos en essayant de ne pas trop bouger ...



... puis on cherche un petit restaurant pour manger. Yayoï en voit un qui ne paie pas de mine. Il se trouve juste en face de la tour "Sky tree"



Le petit rideau devant, le noren, indique que c'est ouvert (le rideau est tiré donc c'est ouvert). L'entrée est fermée par deux portes coulissantes. On entre...

Yayoï jette un oeil à l'intérieur puis ressort. Elle me dit que c'est un lieu très typique où les hommes se retrouvent après le travail pour parler de tout et de rien. Les femmes seules ne viennent que rarement (jamais ?) ici. Mais elle peut rentrer sans problème.

Je suis étonné de la petitesse du lieu. Passés la porte, nous arrivons au comptoir en un pas et demi. Il y a deux tables carrées avec, deux hommes à gauche et trois hommes à droite. Au comptoir, un homme encore. L'atmosphère est quelque peu enfumée...dommage !

Nous serons donc 8 en tout dans quelques mètres carrés sans compter le cuisinier derrière le comptoir et sa femme qui sert les clients.

Le type à ma gauche me regarde avec insistance, il m'écoute, sans doute pour essayer de savoir d'où je viens. Je fais une photo du lieu, discrètement. A la télé, du base-ball, un sport national ou presque !



L'ambiance change rapidement ...

Le type à ma gauche finit par m'adresser la parole...en français ! C'est rare, très rare même. Il parle en tout cas, mieux le français que moi le japonais (sauf quand j'ai un peu bu... du sake)

Il sera quand même plus à l'aise en japonais et c'est Yayoï qui traduira pour moi. Il s'appelle monsieur Masa (on prononce comme s'il y avait deux "s"). Masa san donc ! Il a travaillé dans l'éducation je crois et maintenant, il est à la retraite. 

Il nous conseillera sur le choix des plats tout en faisant du charme à Yayoï ...

Le cuisinier se laisse photographier sans problème (je lui ai demandé, par courtoisie, si c'était possible). Il prépare devant nous les plats de poissons crus. Masa san nous encourage à goûter diverses spécialités. 
A un moment donné, des gousses sont servies, sortes de fèves encore dans leur fruit. Elle sont cuites à l'eau et légèrement salées. Je mange en utilisant les baguettes (Yayoï aussi)...

Non, non. C'est pas comme ça ! Il faut utiliser les doigts et grignoter un peu comme on ferait avec une frite de façon a extraire les graines sans manger la gousse.
Je m’exécute illico !

Oui, c'est ça. Je mange comme un vrai Japonais. Il me dit que je suis très intelligent (il me charrie un peu je crois), car je comprends vite.
Je dis deux ou trois mots en japonais pour le remercier. Le cuisinier et Masa san sont étonnés car je parle, selon eux, sans accent. Yayoï confirme que je parle très bien et sans accent. Je me sens plus confiant et les rapports sont de plus en plus chaleureux.

Masa san m'offre le sake. Je sens que je vais parler bientôt couramment le japonais... Il me sert lui même à partir de sa propre bouteille (un flacon en céramique de quelques décilitres). 

Comme il est a ma gauche je tends mon verre de la main gauche.
Non, non, pas comme ça ! Il faut utiliser la main droite et boire de la main droite ! 
Je m'excuse poliment.

Les plats suivent toujours selon les recommandations de Masa san. Le cuisinier est ravi !






Le poisson cru est découpé et préparé devant nous. C'est très simple, pas gras, très fin.





Masa san me conseille les petits calmars pleins d'oeufs. Il me montre son ventre et me dit que lui aussi est plein d'oeufs. Les petites bouteilles de sake se suivent, toujours offertes.


C'est un vrai délice pour moi. Ils sont servis sur une feuille de shiso.

C'est hyper frais

Le cuisinier sortira, exprès pour moi, de derrière le comptoir, des petits oignons crus au vinaigre, légèrement salés qu'il prépare lui-même. Il est ravi que je les apprécie.

Masa san commence à fredonner quelques airs, "la vie en rose", "les Champs Elysées". Il veut que je chante aussi. Non, non (je n'ai pas assez bu pour ça mais ça, je ne lui dis pas...)

Il veut que je chante "LA MARSEILLAISE" ! Il me pose presque un ultimatum en plaisantant.
Finalement le cuisinier viendra à "mon secours". Il dit que je suis timide comme il l'est lui-même. Il ne faut pas insister. Masa san acquiesce.

La soirée avance tout doucement et Masa san m'appellera affectueusement "Onîsan" ce qu'on peut traduire par "mon frère". Il me dit même en français que je suis son frère pour être sûr que je comprends !

Je leur dis que je suis très heureux de manger ici en raison des relations humaines (qui sont très chaleureuses).  Masan san et le cuisinier commentent et apprécient. Je suis le premier français qui vient ici. Des étrangers il y en a eu, mais des français, jamais !

Avant de partir, Yayoï me prend en photo avec mes nouveaux amis.


Une soirée inoubliable dans la simplicité et l'amitié. Une ambiance très très chaleureuse !
Si vous passez un jour par ici, n"hésitez pas une seule seconde pour venir vous détendre dans cette boutique, en soirée.

Je sais déjà qu'on me garde ici une place, pour une prochaine fois !

Commentaires

  1. Les gousses dont tu parles sont des edamame (fèves de soja) :-)

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  2. Oui, c'est ça, je crois bien que c'est ça !

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  3. Merci à toi. Ce que tu écris me touche beaucoup.

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