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A l'ambassade de France !

Dimanche 6 mai

Guy m'a appelé samedi soir pour me proposer d'aller voter avec lui à l'ambassade de France à Tôkyô ce dimanche matin. Il me dit que ça prendra peu de temps, juste le temps d'aller et de revenir. Je trouve l'expérience intéressante...c'est Ok.

Je partirai tôt (vers 7h) pour avoir le train et arriver à Makuhari Hongô à l'heure que Guy m'a fixée. Puis on ira en voiture tous les deux à Tôkyô. (Environ 30 à 40 minutes en prenant l'autoroute).

A la gare de Makuhari Hongô, Guy me fait une sacrée surprise. Un de ses amis japonais, boulanger-patissier de son métier, est fou des voitures françaises de marque Citroën...

C'est dans une DS noire de 1970 que Guy vient me chercher !



Je monte et, un peu comme la madeleine de Proust, je retrouve l'odeur des voitures de mon enfance. Je ne saurais dire exactement mais c'est un mélange des odeurs de moquette et de la sellerie en cuir (d'origine) et peut-être du moteur. C'est indéfinissable et mystérieux.
Le moulin semble tourner à merveille. Je remarque qu'il n'y pas de pédale d'embrayage, moteur centrifuge oblige. Citroën était à la pointe du progrès à l'époque. La suspension hydraulique est toujours souple.

Je peux vous dire que cette voiture là ne laisse pas les gens indifférents, si on en juge par leurs regards étonnés.



On arrive à un péage et Guy, à court de monnaie, me demande 200 yens (environ 2 euros). Je lui tends la petite pièce mais non, le guichet est à ma droite ! C'est moi qui doit tendre la main au dehors et m’acquitter de la taxe. Le type dehors se marre un peu. Ah les français !

On arrive à Tôkyô, les flics sont partout. Incroyable. Guy, pris dans une sorte d’allégresse, utilise le klaxon tonitruant de la voiture. On l'entend bien !
- Ça c'est du klaxon, j'adore le son ! me dit-il.

Les gens se retournent et sourient. Ils adorent eux aussi. On est dans une voiture française noire, une DS, voiture, emblématique du gouvernement français à une certaine époque.
Nous ne passons pas inaperçus.

Nous arriverons devant la plaque en bronze qui marque, au sol, le centre de Tôkyô. C'est à partir de cette plaque qu'on mesure les distances qui séparent la ville des autres points géographiques. On est à Ginza.



A un moment donné, Guy est sur la mauvaise file. Il doit tourner à droite mais se trouve sur la voie du milieu. Comme le feu est rouge, il s'avance devant la voiture arrêtée et située à sa droite et attend, en regardant dans son rétroviseur, le démarrage du conducteur derrière lui.

Le feu passe au vert, Guy démarre et tourne à droite.... en face, LES FLICS !

P....! On nous arrête. Le type commence par demander des explications, les papiers de la voiture, etc.
Guy, qui parle très bien le japonais, fait celui qui ne comprend pas bien. Il lui explique qu'il ne connait pas bien le coin et qu'il va voter à l'AMBASSADE DE FRANCE !!!

Dehors les gens nous regardent amusés...ah les Français !

Guy s'excuse, parlemente, mais rien n'y fait, le flic ne veut rien savoir. Ce sera l'amende ! On me dit de remonter dans la voiture et Guy est emmené au poste, le"kôban".

J'attends, j'attends. La voiture est à peu près correctement garée, c'est bon, je ne risque rien ici.

Au bout de 20 minutes je vois mon Guy revenir en courant !
- C'est bon, on se casse vite fait avant qu'ils changent d'avis !

Il m'explique qu'il a du s'excuser à la japonaise et de manière très humble et pénitente pour qu'il puisse être libéré sans payer quoi que ce soit. Sa position sociale (il est prof en université) a peut-être aussi joué en sa faveur.
Il faut savoir qu'au Japon, les amendes sont exorbitantes. On ne rigole pas avec la loi et l'ordre.

On arrive devant l'ambassade. Il y a des français partout, ils regardent la DS et certains prennent des photos, étonnés. La DS est juste devant.




Un flic sort de l'ambassade et nous dit, un peu ironique et méprisant, qu'on a rien à faire là, faut dégager, c'est pas un parking ici !
Pas sympa le flic ! (c'est un Français !)...





Guy prend son temps. On fait quelques photos de la voiture mythique puis Il décide de reculer simplement, de quelques mètres. Y a la place ici...



Pendant le vote, j'attends dehors et je discute avec quelques français et avec une journaliste américaine qui est là pour interviewer les gens qui sont venus voter. Elle parle français.

Je vais ensuite voir un peu les résultats du vote de la semaine passée. Ça correspond à peu près à ce qui s'est passé en France, je crois.


Guy sortira après avoir fait son devoir de citoyen. La journaliste ne le laissera pas partir sans l'avoir questionné.



Voilà, pour cette matinée bien mouvementée et finalement très amusante. Dans l'après midi, j'irai admirer des bonsaïs à Saitama.

A suivre...

Commentaires

  1. Belle voiture qui me rappelle aussi mon enfance !
    Trop drôle le commentaire ' pas content ' sur la photo devant l'ambassade'...
    En se baladant avec toi , à chaque fois , on se retrouve littéralement 'transporté ' au Japon !!
    Je pense que je retiendrai la formule de ton Blog pour en faire un pour mon voyage au Vietnam en août ... Tu m'expliqueras comment faire ??

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