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Falaise Verte_6

Jeudi 17 août

6h...lever....7h... zazen

J'aime zazen. J'aime ce moment de calme et de prise de conscience de son corps, de soi. Les points communs avec le kyûdô sont évidents. Il s'agit bien d'être présent "ici et maintenant" et d'exister dans sa respiration. S'approcher d'un état de stabilité mentale. Je regarde devant moi sans me fixer sur un point particulier du sol. Je n'ai en tête que les nombres qui s'égrainent... quelques secondes puis l'esprit fait encore et toujours des siennes... il palabre, divague. Je laisse passer les images sans m'accrocher à ces moments d'égarement.

Je pratique la course à pieds, en amateur, et là encore je retrouve des analogies avec zazen. Lorsque je cours j'ai une vision globale de moi-même mais je porte aussi mon attention sur certaines parties de mon corps, le bassin en particulier que je verrouille afin d'éviter un balancement des hanches. Je gaine mon ventre et je suis tout entier dans mon hara, aussi.

9h30 sur le shajô...
Rei, remerciements, présentation du programme de la journée par Charles Louis.
C'est Loïc qui entame le fameux "Ichi dô, Reiiiii". Sa voix est puissante, elle résonne et "force" la dignité de chacun d'entre nous. Charles Louis prend la suite " Reiiii !"...Salut, respirations qui accompagnent les gestes...

C'est le grand jour pour Loïc, Robert et Philippe. Ils vont exécuter (je ne sais pas si cette expression est correcte), ils vont vivre makiwara sharei...

Loïc est aiguillonné par Charles Louis qui lui met un peu la pression très amicalement. Et puis Philippe doit tenir l'arc dans une position stable et digne pendant un très long moment. Peut-être Robert, dai ichi kaizoe a t-il la position la moins pénible ?



Philippe, à droite, devra garder cette posture sans défaillir...



Philippe est impressionnant de dignité et de stabilité

La suite de la matinée se poursuivra avec un peu plus de liberté dans le tir sur cible à 28 mètres. Il faudra néanmoins veiller à ce que les gestes soient réalisés avec le plus de sécurité. Nous nous rendons compte combien les mains sont verrouillées et crispées sur l'arc et la corde. Hikiwake est difficile et corriger les élèves pose problème en raison des tensions incroyables au niveau des mains et des bras et du corps tout entier aussi. Nous reviendrons sur le travail à l'élastique mais aussi sur les phases de tir et tous les déplacements qui précèdent et qui suivent le tir.

Photo de Charles Louis.


Les stagiaires découvriront aussi le travail en groupe de 5.

Nous avons la possibilité, de tirer quelques flèches après le repas et avant la reprise de 15h. Cette fois-ci j'ai envie de pratiquer. Je monte le premier au dôjô puis Philippe me rejoindra ainsi que Charles Louis, Loïc, David et Robert.

J'ai tiré 3 ou 4 flèches devant makiwara. Je corrige ma position, je rectifie l'horizontalité de la flèche et détends ma main gauche. L'arc tourne avec force et complètement dans ma main qui reste bien en ligne dans le prolongement de mon bras. Je me sens très bien.
Je vais chercher 8 flèches pour tirer à 28 mètres. C'est la première fois que je sors toutes mes flèches.

Le tirs se suivent et j'entends les tekichu qui s'enchaînent les uns derrière les autres. Charles Louis me dit qu'il faut aller prendre une photo de cette cible car il faut s'accorder des permissions ou des encouragements et me demande de garder en moi toutes ces bonnes sensations...

Je garde cette image et ces instants sereins en mémoire.

J'aurai l'occasion de tirer encore 6 flèches après cette série de 8 en fin de journée en conservant un esprit clair mais je n'irai pas plus loin pour garder "le meilleur" et une bonne confiance en moi. Et puis, pour la première fois, avant la dernière matinée du lendemain, les élèves pourront effectuer leurs premiers tirs libres (sous surveillance) avec les enseignants après le repas du soir et durant environ 1 heure. Je n'ai donc pas le temps ni le besoin de tirer davantage.

Il y a des moments au centre que ne n'apprécie que modérément. Ce sont les repas au réfectoire ! Non pas que la cuisine soit mauvaise, bien au contraire, mais en raison du vacarme qui y règne. Les discussions vont bon train et chacun hausse un peu plus le ton pour se faire entendre. Ce n'est pas très zen et d'ailleurs Jyoji ne participe pas aux repas. Je crois avoir lu sur la brochure du centre que les repas devraient être pris dans une ambiance un peu plus ... monacale !  Je ne suis pas très à l'aise pour discuter d'autant plus qu'il n'y a pas d'alcool... ça ne m'aide pas !

A suivre...

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